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Science-fiction, culte des machines

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Les machines sont des fétiches: elles matérialisent - cristallisent - les lois abstraites et globales de la matière; elles en sont lesigne. Elles n’ont pas seulement une portée pratique, utile, elles donnent lieu à une forme de religiosité.
 
Les lois abstraites de la matière, de fait, sont inconsciemment assimilées au monde intelligible de Platon, et apparaissent comme tissant la divinité, telle que la perçoit le rationalisme traditionnel - à la façon d’un grand horloger, ou d’un grand architecte. Les machines émanent de ce monde comme les statues des anciens Grecs émanaient du monde des dieux, tel que le percevait le génie des artistes: Phidias était réputé avoir vu Zeus face à face.
 
Ce qui exprime cette religion de la machine, c’est la science-fiction. Elle s’appuie sur l’aura mystérieuse de la technologie pour stimuler et dynamiser l’imagination, qui se projette alors vers ce que la machine porte comme force divine, comme magie. L’extrapolation vers l’avenir ouvre l’âme sur l’infini, dont les techniques prodigieuses conjecturées sont le seuil, le point de passage, le nœud.
 
La science-fiction est une mythologie; il n’est pas vrai qu’on soit dans son cas seulement dans la rationalité: on est aussi dans la foi. La raison commande de n’user la machine qu’en cas de besoin, si elle est utile; mais ici, on est dans le cas où la machine fascine pour elle-même, parce qu’elle emporte l’âme aux limites du cosmos.
 
Ainsi s’explique que la science-fiction fait englober par la machine non pas seulement les propriétés constantes de la matière, mais l’univers entier, jusque dans ce que la raison laisse dans une strate située en dehors des lois physiques: le mystère de la vie, à travers les êtres vivants présentés comme fabriqués artificiellement, apparaît comme percé, alors que le vivant se différencie du mécanique de façon claire à tout esprit non prévenu; le temps est dominé par les machines qui l’explorent, bien que saint Augustin ait eu manifestement raison quand il a déclaré que le passé n’était que le présent de la mémoire, que le futur n’était que le présent de l’attente, qu’en eux-mêmes le passé et l’avenir n’existaient pas; l’instantanéité des déplacements, que seule la pensée peut effectuer, est pareillement réalisée dans la science-fiction par des engins en apparence rationnels.
 
La science-fiction illustre la foi en le rationalisme scientifique et en les machines qui le matérialisent. Elle soumet l’Esprit à la matière, mais d’une façon quasi mystique, religieuse. Elle nous rappelle que dans l’antiquité la mythologie était un tissu de croyances, non un simple système d'images destiné à la littérature.

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